C'était à pied qu'hommes et femmes montaient aux carrières . Ils se chargeaient de crics de fonte, de barres de fer, de bois, ou bien marchaient en rang, courbés sous le poids des câbles d'acier ... Les femmes portaient sur la tête les sacs de sable destinés aux fils hélicoïdaux . Les enfants partaient plus tard dans la journée, pour apporter à manger aux travailleurs .
C'était un temps où les carriers chantaient pour accorder leurs efforts dans des entreprises titanesques . Ils travaillaient dur et prenaient le temps de bien faire les choses .
On disait alors “cultiver la carrière”.
Depuis Colonnata, après une petite heure de marche on retrouve encore des escaliers de marbre qui mènent aux plus hautes de ces carrières d'un autre temps .
Et y etre, c'est vivre un instant pour toujours .
Pour me rendre à mon espace de création, j'ai choisi de passer par les bois (à dire vrai, l'idée vient de mon vieux Coyote qui en avait assez des trajets en jeep) . Et tous les jours j'emprunte un de ces vieux chemins, en longeant des murets à moitié écroulés, des sentiers de terre ou de cailloux que le temps n'a pas encore tout à fait effacés .
Alors que le monde entier roule et vole et va et vient sans savoir comment ni pourquoi, je prends plaisir à entretenir ce vieux chemin .
Les oiseaux m'émerveillent de leurs symphonies aux harmonieux échos . Les fleurs et les feuillages offrent mille couleurs et formes, en une seule année de temps . Un ruisseau coule au fond de la vallée, je m'y baigne des fois … La joie d'un jacusi naturel !
En arrivant sur la crete de roches aiguisées par des vents millénaires, j'ai le plaisir d'embrasser la chaleur du soleil levant .
Mon fidèle compagnon le Coyote va de l'avant et flaire, car nous arrivons alors dans le territoire des chèvres sauvages . Méfiantes, elles se sont habituées à notre présence et nous regardent passer devant l'ancienne carrière de marbre noir .
En coupant à flanc de montagne, toujours sur un sentier, nous rejoignons plus loin la cime rocheuse, avec ses chemins de traverse faits d'éclats de marbre . Et juste après, quelques jeunes chênes forment un portail qui débouche sur … le monde actuel, la route empruntée quotidiennement par les engins de chantier, puis avant la carrière de la “Cima di Gioia” … L'atelier ...
Le soir, il s'agit de ne pas partir trop tard ; il me reste à tailler un arbre à ramener à la maison, de préférence avant la tombée de la nuit ! Un arbre par jour, c'est la réserve de bois pour l'hiver à venir …
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| un chemin de traverse ... |
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| Coyote, et en bas à droite son portrait modelé par le temps |
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| le domaine des chèvres |
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| un "poto" et en bas, colonnata |
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| "la verzulina" -alt.1000 m |
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| un vestige des titans |
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| carrara |
Merci Sylvie pour ton attention, j'espère que ce chapitre te plait ...
